Francis CABREL
"Les Chemins De Traverse"
(Paroles et Musique: Francis Cabrel 1979)
1-Souviens-toi de nous
2-Je l'aime à mourir
3-Les pantins de naphtaline
4-Je rêve
5-Les voisins
6-Les chemins de traverse
7-Une star à sa façon
8-C'était l'hiver
9-Mais le matin
10-Monnaie blues
1- Souviens-toi de nous
Quelquefois au fond de ma mémoire
Il m'arrive de te revoir
Juste à mes côtés
Derrière nous dix huit ans à peine
Et devant les immenses plaines
De l'éternité
On avait l'eau des cascades
Et des lits d'herbe mouillée
J'écrivais des ballades
Pour te réchauffer
Ouh, souviens-toi de nous
Toi qui t'es envolé
Ouh, souviens-toi de nous
Dans ton palais doré
Et dis-moi s'il se passe autant de choses
Dans ton palais de marbre rose
Ta plage privée
Est-ce que tu entends le chant des cascades
Autour de tes miroirs de jade
Où tout ferme à clé
Mais rappelle-toi les orages
Quand nos cheveux s'emmêlaient
Sous les grands arbres sauvages
Où l'on s'abritait
Ouh, souviens-toi de nous
Toi qui t'es envolé
Ouh, souviens-toi de nous
Dans ton palais doré
Mais quelquefois au fond de ta Rolls noire
Il m'arrive de te revoir
Ils sont tous à tes pieds
Je sais qu'ils se battent pour te plaire
Mais tu ne les aperçois qu'au travers
De tes verres fumés, fumés
Ouh, souviens-toi de nous
Toi qui t'es envolé
Ouh, souviens-toi de nous
Dans ton palais doré
Ouh, souviens-toi de nous
Toi qui t'es envolé
Ouh, souviens-toi de nous
Sinon tu vas tomber
2-Je l'aime à mourir
Moi je n'étais rien
Et voilà qu'aujourd'hui
Je suis le gardien
Du sommeil de ses nuits
Je l'aime à mourir
Vous pouvez détruire
Tout ce qu'il vous plaira
Elle n'a qu'à ouvrir
L'espace de ses bras
Pour tout reconstruire
Pour tout reconstruire
Je l'aime à mourir
Elle a gommé les chiffres
Des horloges du quartier
Elle a fait de ma vie
Des cocottes en papier
Des éclats de rire
Elle a bâti des ponts
Entre nous et le ciel
Et nous les traversons
À chaque fois qu'elle
Ne veut pas dormir
Ne veut pas dormir
Je l'aime à mourir
Elle a dû faire toutes les guerres
Pour être si forte aujourd'hui
Elle a dû faire toutes les guerres
De la vie, et l'amour aussi
Elle vit de son mieux
Son rêve d'opaline
Elle danse au milieu
Des forêts qu'elle dessine
Je l'aime à mourir
Elle porte des rubans
Qu'elle laisse s'envoler
Elle me chante souvent
Que j'ai tort d'essayer
De les retenir
De les retenir
Je l'aime à mourir
Pour monter dans sa grotte
Cachée sous les toits
Je dois clouer des notes
À mes sabots de bois
Je l'aime à mourir
Je dois juste m'asseoir
Je ne dois pas parler
Je ne dois rien vouloir
Je dois juste essayer
De lui appartenir
De lui appartenir
Je l'aime à mourir
Elle a dû faire toutes les guerres
Pour être si forte aujourd'hui
Elle a dû faire toutes les guerres
De la vie, et l'amour aussi
Moi je n'étais rien
Et voilà qu'aujourd'hui
Je suis le gardien
Du sommeil de ses nuits
Je l'aime à mourir
Vous pouvez détruire
Tout ce qu'il vous plaira
Elle n'aura qu'à ouvrir
L'espace de ses bras
Pour tout reconstruire
Pour tout reconstruire
Je l'aime à mourir
3- Je l'aime à mourir
Moi je n'étais rien
Et voilà qu'aujourd'hui
Je suis le gardien
Du sommeil de ses nuits
Je l'aime à mourir
Vous pouvez détruire
Tout ce qu'il vous plaira
Elle n'a qu'à ouvrir
L'espace de ses bras
Pour tout reconstruire
Pour tout reconstruire
Je l'aime à mourir
Elle a gommé les chiffres
Des horloges du quartier
Elle a fait de ma vie
Des cocottes en papier
Des éclats de rire
Elle a bâti des ponts
Entre nous et le ciel
Et nous les traversons
À chaque fois qu'elle
Ne veut pas dormir
Ne veut pas dormir
Je l'aime à mourir
Elle a dû faire toutes les guerres
Pour être si forte aujourd'hui
Elle a dû faire toutes les guerres
De la vie, et l'amour aussi
Elle vit de son mieux
Son rêve d'opaline
Elle danse au milieu
Des forêts qu'elle dessine
Je l'aime à mourir
Elle porte des rubans
Qu'elle laisse s'envoler
Elle me chante souvent
Que j'ai tort d'essayer
De les retenir
De les retenir
Je l'aime à mourir
Pour monter dans sa grotte
Cachée sous les toits
Je dois clouer des notes
À mes sabots de bois
Je l'aime à mourir
Je dois juste m'asseoir
Je ne dois pas parler
Je ne dois rien vouloir
Je dois juste essayer
De lui appartenir
De lui appartenir
Je l'aime à mourir
Elle a dû faire toutes les guerres
Pour être si forte aujourd'hui
Elle a dû faire toutes les guerres
De la vie, et l'amour aussi
Moi je n'étais rien
Et voilà qu'aujourd'hui
Je suis le gardien
Du sommeil de ses nuits
Je l'aime à mourir
Vous pouvez détruire
Tout ce qu'il vous plaira
Elle n'aura qu'à ouvrir
L'espace de ses bras
Pour tout reconstruire
Pour tout reconstruire
Je l'aime à mourir
4-Je rêve
Le vent a fait s'approcher les nuages
Il fait gris au dessus des plages
Et la mer a l'air triste aussi
Le ciel n'est plus qu'un long tissu de brume
Il va faire une nuit sans lune
Et demain je n'aurai pas dormi
Peut-être je vais rencontrer une dame
Quand j'irai accrocher mon âme
Sur les arêtes des rochers
Mais le vent souffle si fort sur ces pierres
C'est plus la peine que j'espère
L'amour ne peut pas s'y poser
Mais je rêve
Je lance des mots
Vers le jour qui s'achève
Je voulais qu'il reste
Il n'a pas entendu
Plus loin sur les rocs que la mer assaille
Cheveux et jupon en bataille
Combien de femmes ont attendu
Combien ont crevé leur cœur sur les vagues
Pour celui qui avait l'autre bague
Et qui n'est jamais revenu
Mais je rêve
Je lance des mots
Vers le jour qui s'achève
Je voulais qu'il reste
Il n'a pas entendu
La mer est plus forte que mon courage
Mais ce soir il y a des nuages
Et je sais qu'elle est triste aussi
Quand ces mots seront devenus des braises
Je monterai sur la falaise
Jeter leurs cendres dans la nuit
Mais je rêve
Je lance des mots
Vers le jour qui s'achève
Je voulais qu'il reste
Il n'a pas entendu
Je dédie ces mots
Aux amours qui s'achèvent
Je voudrais que tu restes
5-Les voisins
Ils étaient des voisins
Chacun d'eux sagement oublié
Sur son bout de palier
Il y a tellement de gens malhonnêtes
Qu'il faut bien qu'on s'inquiète
Ils rêvaient à peu près chaque nuit
Qu'ils auraient des amis
Ils s'échangeaient des mots sans chaleur
Dans le même ascenseur
Ils couraient fermer à toute allure
Leurs quarante serrures
Puis ils s'endormaient dans les filets
D'un poste de télé
En rêvant à peu près chaque nuit
Qu'ils auraient des amis
Ils avaient lu leur nom sur le dos d'une boîte aux lettres
Ils pensaient que c'était bien assez se connaître
Pourtant ils se sentaient sourire
Et même ils s'entendaient dormir
Mais ils ne se sont jamais rencontrés
Ils ont déménagé
Ils vivaient dans deux mondes lointains
Ils étaient des voisins
Mais chacun son côté de cloison
Et chacun son feuilleton
Ils fermaient les volets de leur cœur
Tous les soirs à dix heures
En rêvant à peu près chaque nuit
Qu'ils auraient des amis
Ils avaient lu leur nom sur le dos d'une boîte aux lettres
Ils pensaient que c'était bien assez se connaître
Pourtant ils se sentaient sourire
Et même ils s'entendaient dormir
Mais ils ne se sont jamais rencontrés
Puisqu'ils se disaient :
C'est pas la peine d'aller leur parler
Puisqu'on a la télé
C'est pas la peine de se chercher des mots
Puisqu'on a la radio
C'est pas la peine de se donner du mal
Puisqu'on a le journal
6-Les chemins de traverse
Moi je marchais les yeux par terre
Toi t'avais toujours le nez en l'air
Et c'est comme a qu'on s'est connu
On avait chacun sa guitare
On était pas loin d'une gare
C'est la hasard qui l'a voulu
Et tu m'as dit, quand leurs ailes sont mortes
Les papillons vont où le vent les porte
On a pris le premier chemin venu
Et quand la nuit est tombée
Sur la voie ferrée
On était bien loin de la ville
On entendait que des notes
Et le bruit de nos bottes
Sous la pleine lune immobile
On a traversé les semaines
Comme de vraies fêtes foraines
Sans même penser au retour
On s'est perdu dans les nuages
Comme les oiseaux de passage
À suivre les filles d'un jour
Et pour ne pas que les fous nous renversent
On prenait les chemins de traverse
Même s'il ne sont jamais les plus courts
Et quand la nuit tombait
Sur la voie ferrée
On était bien loin de la ville
On entendait que des notes
Et le bruit de nos bottes
Sous la pleine lune immobile
Mais quelquefois je me souviens
Ceux qui nous ont lâché les chiens
Et jeté des pierres au visage
Ils n'ont rien empêché quand même
Puisque le seul métier qu'on aime
C'est la bohème et le voyage
Et quand la nuit va tomber
Sur la voie ferrée
On sera bien loin de la ville
On entendra que des notes
Et le bruit de nos bottes
Sous la pleine lune immobile
Et quand la nuit va tomber
Sur la voie ferrée
On sera bien loin de la ville
On entendra que des notes
Et le bruit de nos bottes
Sous la pleine lune immobile
Sous la pleine lune immobile
7-Une star à sa façon
Elle vit tout doucement
Pour son homme et ses enfants,
Sans jamais trop s'écarter
Des mots que Dieu lui a dicté.
C'est quelqu'un dont on ne parle pas,
Et je l'aime pour ça.
C'est une fleur sur l'horizon,
Une star à sa façon.
J'ai découvert le matin
Dans la chaleur de ses mains,
Et j'ai grandi bien au fond
De son palais de coton.
C'est quelqu'un dont on ne parle pas,
Et je l'aime pour ça.
C'est la reine dans sa maison,
Une star à sa façon.
Elle m'appelle et puis autour de moi
C'est le printemps à chaque fois,
Elle est si belle que je lui ai dit
Les premiers mots de ma vie.
Surtout ne me demandez pas
De vous la montrer du doigt,
Avec vos yeux d'étranger
Vous n'allez rien remarquer,
Mais ce quelqu'un dont on ne parle pas,
C'est plus que tu ne crois,
C'est le titre de ma chanson,
Une star à sa façon.
Elle m'appelle et puis autour de moi
C'est le printemps à chaque fois,
Elle est si belle que je lui ai dit
Les premiers mots de ma vie.
8-C'était l'hiver
Elle disait "j'ai déjà trop marché,
Mon cœur est déjà trop lourd de secrets,
Trop lourd de peines"
Elle disait "je ne continue plus,
Ce qui m'attend, je l'ai déjà vécu.
C'est plus la peine"
Elle disait que vivre était cruel
Elle ne croyait plus au soleil
Ni aux silences des églises
Même mes sourires lui faisaient peur
C'était l'hiver dans le fond de son cœur
Elle disait que vivre était cruel
Elle ne croyait plus au soleil
Ni aux silences des églises
Même mes sourires lui faisaient peur
C'était l'hiver dans le fond de son cœur
Le vent n'a jamais été plus froid
La pluie plus violente que ce soir-là
Le soir de ses vingt ans
Le soir où elle a éteint le feu
Derrière la façade de ses yeux
Dans un éclair blanc
Elle a sûrement rejoint le ciel
Elle brille à côté du soleil
Comme les nouvelles églises
Mais si depuis ce soir-là je pleure
C'est qu'il fait froid dans le fond de mon cœur
Elle a sûrement rejoint le ciel
Elle brille à côté du soleil
Comme les nouvelles églises
Mais si depuis ce soir-là je pleure
C'est qu'il fait froid dans le fond de mon cœur
9- Mais le matin
Elle est plus grande que la mer
Mais elle tient au creux de mes doigts
Elle est tellement de choses à la fois
On ne joue pas au poker
Avec une fille comme ça
C'est toujours elle qui a les quatre rois
Mais le matin
Quand on se réveille elle est moi
On a plein
De rosée sur les draps
Mais le matin
Quand on s'éveille tous les deux
On a plein
De cernes sous les yeux
Elle met du rose sur ses lèvres
Et des fleurs au bout de ses doigts
Elle n'a pas besoin de tricher pour ça
Le ciel est clair quand elle se lève
Et puis noir quand elle s'en va
Quand elle part avec mes rêves sous le bras
Mais le matin
Quand on se réveille elle est moi
On a plein
De rosée sur les draps
Mais le matin
Quand on s'éveille tous les deux
On a plein
De cernes sous les yeux
Et je sais qu'elle cache ses guitares
Au fond d'une armoire à poupées
Avec le début de notre histoire
Et les lambeaux de son passé
Et dans chacune de ses empreintes
Moi je pose les pieds
Sans savoir, elle va m'emmener
Mais je n'ai pas grand-chose à craindre
De son corps de poupées
On a tant de choses à se partager
Mais le matin
Quand on se réveille elle est moi
On a plein
De rosée sur les draps
Mais le matin
Quand on s'éveille tous les deux
On a plein
De cernes sous les yeux
Elle est plus grande que la mer
Mais elle tient au creux de mes doigts
On ne joue pas au poker
Avec une fille comme ça
Elle est plus grande que la mer
Mais elle tient au creux de mes doigts
On ne joue pas au poker
Avec une fille comme ça
10- Monnaies blues
Je marchais dans une rue louche
Elle, elle avait les bras croisés
Et puis une si grande bouche
Que je me suis laissé tenter
Elle m'a montré des tas de choses
Qu'on ne montre qu'à ses amis
Sa bibliothèque en cuir rose
Et la soie de ses draps de lit
J'étais tout près de l'épouser
Quand elle m'a montré la porte
Elle a pris toute ma monnaie
Elle a dit "c'est le seul moyen pour que je m'en sorte"
Je suis rentré chez moi de rage
J'ai allumé la télé
Un vieillard encombrait l'image
Un vieillard très bien habillé
Il prononçait des mots bizarres
Des mots que personne connaît
J'ai dit c'est pas drôle ton histoire
Et il ne s'en sortira jamais
La speakerine est venue traduire
Avant que j'éteigne mon poste
"Il voudrait toute votre monnaie"
Il a dit "c'est le seul moyen pour que je m'en sorte"
J'ai dit mon vieux c'est pas facile
S'ils veulent tous de mon argent
Lorsque l'évêque de la ville
Entra dans mon appartement
Il avait ses habits de messe
Par dessus sa tenue de plage
Il criait "mes quatre maîtresses
Viennent d'être prises en otage
Par pitié faites quelque chose
Pour pas qu'elles ne reviennent mortes"
Il a pris toute ma monnaie
Il a dit "c'est le seul moyen pour qu'elles s'en sortent"
Je me suis enfui dans un bar
J'ai pris mon alcool préféré
J'avais pas commencé de boire
Quand des docteurs sont entrés
Ils criaient "vous avez l'air pâle
Et la mort arrive si vite
On a prévenu l'hôpital
On va vous embarquer de suite"
Pas moyen de leur échapper
Ils avaient une bonne escorte
Ils ont pris toute ma monnaie
Ils ont dit "c'est le seul moyen pour qu'on s'en sorte"
Lorsque je me suis réveillé
J'ai dit pourvu que tout ça s'arrête
J'ai mis partout trois tours de clé
J'ai fermé les doubles fenêtres
J'ai calfeutré mon lavabo
J'ai débranché mon téléphone
Et j'ai bien tiré les rideaux
J'ai dit je veux plus voir personne
Et j'ai mis des gardes à chaque mur
Des armoires contre les portes
Et j'ai brûlé toute ma monnaie
Puisque c'était le seul moyen pour que je m'en sorte
Et j'ai brûlé toute ma monnaie
Puisque c'était le seul moyen pour que je m'en sorte
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