J-Jacques Goldman
"
En passant"

1-Sache que je
2-Bonne idée
3-Tout était dit
4-Quand tu danses
5-Le coureur
6-Juste quelques hommes
7-Nos mains
8-Natacha
9-Les murailles
10-On ira
11-En passant


1-Sache que je

(Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman )

Il y a des ombres dans " je t'aime "

Pas que de l'amour, pas que ça

Des traces de temps qui traînent

Y a du contrat dans ces mots là

 

Tu dis l'amour a son langage

Et moi les mots ne servent à rien

S'il te faut des phrases en otage

Comme un sceau sur un parchemin

 

Alors sache que je

Sache le

Sache que je

 

Il y a mourir dans " je t'aime "

Il y a je ne vois plus que toi

Mourir au monde, à ses poèmes

Ne plus lire que ses rimes à soi

 

Un malhonnête stratagème

Ces trois mots là n'affirment pas

Il y a une question dans " je t'aime "

Qui demande " et m'aimes-tu, toi ? "

 

Alors sache que je

Sache le

Sache que je
2-Bonne idée

(Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman )

Un début de janvier, si j'ai bien su compter

Reste de fête ou bien vœux très appuyés

De Ruth ou de Moïshé, lequel a eu l'idée ?

Qu'importe si j'ai gagné la course, et parmi des milliers

Nous avons tous été vainqueurs même le dernier des derniers

Une fois au moins les meilleurs, nous qui sommes nés

Au creux de nos mères qu'il fait bon mûrir

Et puis j'ai vu de la lumière alors je suis sorti

Et j'ai dit

Bonne idée

 

Y avait du soleil, des parfums, de la pluie

Chaque jour un nouveau réveil, chaque jour une autre nuit

Des routes et des motards et des matches de rugby

Des spaghetti, Frédéric Dard et Johnny Winter aussi

On m'a dit c'est qu'une étincelle avant l'obscurité

Juste un passage, un arc-en-ciel, une étrange absurdité

Des frères, des tendres, des trésors à chercher

Des vertiges à prendre, à comprendre et des filles à caresser

J'me suis dit

Bonne idée

 

Et puis y a toi qui débarque en ouvrant grand mes rideaux

Et des flots de couleurs éclatent et le beau semble bien plus beau

Et rien vraiment ne change mais tout est différent

Comme ces festins qu'on mange seul ou en les partageant

 

Je marchais au hasard le soir était tombé

Avec mon sac et ma guitare j'étais un peu fatigué

Tout était si désert, où me désaltérer ?

Et puis j'ai vu de la lumière et je vous ai trouvés

 

Bonne idée
3-Tout était dit

(Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman)

Elle écrit seule à sa table et son café refroidit

Quatre mètres infranchissables, un bar un après-midi

J'avais rendez-vous je crois, j'avais pas le temps

Avec un pape ou peut-être un président

Mais la fille est jolie et les papes sont souvent patients

 

Elle était là dans son monde, son monde au beau milieu du monde

Loin, ses yeux posés ailleurs, quelque part à l'intérieur

Plongée dans son livre, belle abandonnée

En elle je lis tout ce qu'elle veut cacher

 

Dans chacun de ses gestes un aveu, un secret dans chaque attitude

Ses moindres facettes, trahie bien mieux que par de longues études

Un pied se balance, une impatience, et c'est plus qu'un long discours

Là, dans l'innocence et l'oubli

Tout était dit

 

On ne ment qu'avec des mots, des phrases qu'on nous fait apprendre

On se promène en bateau, pleins de pseudo de contrebande

On s'arrange on roule on glose on bienséance

Mieux vaut de beaucoup se fier aux apparences

Aux codes des corps, au langage de nos inconsciences

 

Muette étrangère, silencieuse bavarde

Presque familière, intime plus je te regarde

 

Dans chacun de tes gestes un aveu, un secret dans chaque attitude

Même la plus discrète ne peut mentir à tant de solitude

Quand ta main cherche une cigarette c'est comme une confession

Que tu me ferais à ton insu

 

A ta façon de tourner les pages, moi j'en apprends bien davantage

La moue de ta bouche est un langage, ton regard un témoignage

Tes doigts dans tes cheveux s'attardent, quel explicite message

Dans ton innocence absolue

 

Et ce léger sourire au coin des lèvres c'est d'une telle indécence

Il est temps de partir, elle se lève, évidente, transparente

Sa façon de marcher dans mon rêve, son parfum qui s'évanouit

Quand elle disparaît de ma vie

Tout était dit

Tout était dit


4-Quand tu danses

(Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman)

J'ai fait la liste de ce qu'on ne sera plus

Quand tu danses, quand tu danses

Mais que deviennent les amoureux perdus

Quand tu danses, y songes-tu?

Quand tu danses, y songes-tu?

 

Amis non, ni amants, étrangers non plus

Quand tu danses, quand tu danses

Mais quel après, après s'être appartenus

Quand tu danses, y songes-tu?

Quand tu danses, y songes-tu?

 

Je crois bien que j'aurai besoin de te voir

Quand tu danses, quand tu danses

Sans te parler, ni déranger, mais te voir

Quand tu danses, y songes-tu?

Quand tu danses, y songes-tu?

 

Et toutes les peines, toutes, contre une seule de nos minutes

 

Mais n'être plus rien après tant, c'est pas juste

Quand tu danses, y songes-tu?

Quand tu danses, y songes-tu?

 

Et j'ai fait la liste de ce qu'on ne sera plus

 

Mais que deviennent les amours éperdues?

Quand tu danses, y songes-tu?

Quand tu danses, y songes-tu?


5-Le coureur

(Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman)

Je courais sur la plage abritée des alizés

Une course avec les vagues, juste un vieux compte à régler

Pieds nus comme couraient mes ancêtres oh j'ai bien vu derrière ses lunettes

Un type avec un chronomètre

 

Je suis rentré au soir quand les vagues ont renoncé

Il était déjà tard mais les parents m'attendaient

Y avait l'homme bizarre à la table, ma mère une larme, un murmure

Des dollars et leur signature

 

J'ai pris le grand avion blanc du lundi

Qu'on regardait se perdre à l'infini

J'suis arrivé dans le froid des villes

Chez les touristes et les automobiles

Loin de mon ancienne vie

 

On m'a touché, mesuré comme on fait d'un cheval

J'ai couru sur un tapis, pissé dans un bocal

Soufflé dans un masque de toutes mes forces, accéléré

plein d'électrodes

Pour aller jusqu'où j'avais trop mal

 

On m'a mis un numéro sur le dos

Y avait des gens qui criaient, des drapeaux

On courait toujours en rond, des clous aux deux pieds pour écorcher la terre

Je la caressais naguère

 

J'ai appris à perdre, à gagner sur les autres et le temps

A coups de revolver, de course en entraînement

Les caresses étranges de la foule, les podiums

Et les coups de coude

Les passions, le monde et l'argent

 

Moi je courais sur ma plage abritée des alizés

Une course avec les vagues, juste un vieux compte à régler

Puis le hasard a croisé ma vie

J'suis étranger partout aujourd'hui,

Est-ce un mal, un bien ?

C'est ainsi


6-Juste quelques hommes

Après les brumes, où commence

le ciel

Où les aigles reculent, où manque

l'oxygène

Où les grands froids règnent

même au soleil

Aux neiges éternelles

Où rien ne pousse, où les âmes

s'éteignent

Où plus rien ne frisonne

Plus rien ni personne

Juste quelques hommes

Quelques hommes

 

Au fond des fonds aux entrailles des mers

Où les sirènes sombrent en leurs sombres repaires

Plus loin que loin, aux extrêmes extrêmes

Où plus un être n'ose

Des astres éteints au sein des volcans même

Où les laves fusionnent

Ni rien, ni personne

Juste quelques hommes

Quelques hommes

 

Au plus sauvage, où renoncent les fauves

Dans les grands marécages où les humains pataugent

Au bout du mal, où tous les dieux nous quittent

Et nous abandonnent

Dans ces boues noires où même les diables hésitent

A genoux pardonnent

Juste quelques hommes

Quelques hommes justes

Quelques hommes justes


7-Nos mains

(Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman)

Sur une arme les doigts noués

Pour agresser, serrer les poings

Mais nos paumes sont pour aimer

Y a pas de caresse en fermant les mains

 

Longues, jointes en prière

Bien ouvertes pour acclamer

Dans un poing les choses à soustraire

On ne peut rien tendre les doigts pliés

 

Quand on ouvre nos mains

Suffit de rien dix fois rien

Suffit d'une ou deux secondes

A peine un geste, un autre monde

Quand on ouvre nos mains

 

Mécanique simple et facile

Des veines et dix métacarpiens

Des phalanges aux tendons dociles

Et tu relâches ou bien tu retiens

 

Et des ongles faits pour griffer

Poussent au bout du mauvais côté

Celui qui menace ou désigne

De l'autre on livre nos vies dans les lignes

 

Quand on ouvre nos mains

Suffit de rien dix fois rien

Suffit d'une ou deux secondes

A peine un geste, un autre monde

Quand on ouvre nos mains

 

Un simple geste d'humain

Quand se desserrent ainsi nos poings

Quand s'écartent nos phalanges

Sans méfiance, une arme d'échange

Des champs de bataille en jardin

 

Le courage du signe indien

Un cadeau d'hier à demain

Rien qu'un instant d'innocence

Un geste de reconnaissance

Quand on ouvre comme un écrin

Quand on ouvre nos mains.


8-Natacha

(Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman)

De mes tristesses me reste un grand manteau

Qui laisse passer le froid

De ces lambeaux de jeunesse un vieux chapeau

Qui ne me protège pas

Je sais mieux choisir un chemin,

Me méfier d'une main

Tu vois je ne sais rien

Le temps qui passe ne guérit de rien

Natacha

Toi tu le sais bien

 

De mille ans de froid, de toundra

De toutes ces Russies qui coulent en toi

De trop d'hivers et d'espoirs et d'ivresse

Au chant des Balalaïkas

Tu dis qu'on a peur et qu'on glisse en ses peurs

Comme glissent les nuits de Viatka

Dans chacun de tes baisers Natacha

C'est tout ce qui m'attache à toi
9-Les murailles

(Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman )

Géantes ces murailles bâties de pierres et de sang

Plus hautes que les batailles, défiant le poids des ans

Aujourd'hui quatre vents feraient s'envoler ses tours

Et l'on jurait avant que ça durerait toujours

 

Corons, terrils au nord, litanie des paysages

Aux vivants comme aux morts, la mine histoire et langage

Ce charbon peine et chance, chaque mineur l'a vécu

Mais un jour ce silence, oh pas un ne l'aurait cru

 

Et j'avais fait des merveilles en bâtissant notre amour

En gardant ton sommeil, en montant des murs autour

Mais quand on aime on a tort, on est stupide, on est sourd

Moi j'avais cru si fort que ça durerait toujours

J'avais cru si fort que ça durerait toujours


10-On ira

(Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman)

On partira de nuit, l'heure où l'on doute

Que demain revienne encore

Loin des villes soumises, on suivra l'autoroute

Ensuite on perdra tous les nord

 

On laissera nos clés, nos cartes et nos codes

Prisons pour nous retenir

Tous ces gens que l'on voie vivre comme s'ils ignoraient

Qu'un jour il faudra mourir

 

Et qui se font surprendre au soir

 

Oh belle, on ira

On partira toi et moi, où?, je sais pas

Y a que les routes qui sont belles

Et peu importe où elles mènent

Oh belle, on ira, on suivra les étoiles et les chercheurs d'or

Si on en trouve, on cherchera encore

 

On n'échappe à rien pas même à ses fuites

Quand on se pose on est mort

Oh j'ai tant obéi, si peu choisi petite

Et le temps perdu me dévore

 

On prendre les froids, les brûlures en face

On interdira les tiédeurs

Des fumées, des alcools et des calmants cuirasses

Qui nous a volé nos douleurs

La vérité nous fera plus peur

 

Oh belle, on ira

On partira toi et moi, où?, je sais pas

Y a que des routes qui tremblent

Les destinations se ressemblent

Oh belle, tu verras

On suivra les étoiles et les chercheurs d'or

On s'arrêtera jamais dans les ports

 

Belle, on ira

Et l'ombre de nous rattrapera peut-être pas

On ne changera pas le monde

Mais il nous changera pas

Ma belle, tiens mon bras

On sera des milliers dans ce cas, tu verras

Et même si tout est joué d'avance, on ira, on ira

 

Même si tout est joué d'avance

A côté de moi,

Tu sais y a que les routes qui sont belles

Et crois-moi, on partira, tu verras

Si tu me crois, belle

Si tu me crois, belle

Un jour on partira

Si tu me crois, belle

Un jour
11-En passant

(Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman )

Toutes les ébènes ont rendez-vous

Lambeaux de nuit quand nos ombres s'éteignent

Des routes m'emmènent, je ne sais où

J'avais les yeux perçants avant, je voyais tout

 

Doucement reviennent à pas de loups

Reines endormies, nos déroutes anciennes

Coulent les fontaines jusqu'où s'échouent

Les promesses éteintes et tous nos vœux dissous

 

C'était des ailes et des rêves en partage

C'était des hivers et jamais le froid

C'était des grands ciels épuisés d'orages

C'était des paix que l'on ne signait pas

 

Des routes m'emmènent, je ne sais où

J'ai vu des oiseaux, des printemps, des cailloux

En passant

 

Toutes nos défaites ont faim de nous

Serments résignés sous les maquillages

Lendemains de fête, plus assez saouls

Pour avancer, lâcher les regrets trop lourds

 

 

Déjà ces lents, ces tranquilles naufrages

 

Déjà ces cages qu'on attendait pas

 

Déjà ces discrets manques de courage

 

Tout ce qu'on ne sera jamais, déjà

 

J'ai vu des bateaux, des fleurs, des rois

Des matins si beaux, j'en ai cueilli parfois

En passant


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